dimanche 18 mai 2014

Matériaux alternatifs et économie circulaire: journée technique Afoco à Douai le 5 juin

Voici un peu plus de vingt ans naissait l’Association française des opérateurs sur co-produits industriels, l'Afoco. Fondée au départ par quatre entreprises spécialisées dans la récupération et le traitement des sous-produits de l’industrie, l'association fédérait déjà en 1998 une dizaine d’opérateurs qui assuraient alors la récupération et le traitement d’environ 80% des laitiers sidérurgiques en France, ainsi qu’un certain nombre d’autres co-produits, dont les schistes houillers et quelques autres. La bataille pour faire revenir des déchets dans le circuit des matériaux routiers et de construction se dessinait en cette fin de 20e siècle.
Michel Gitzhofer (Eurogranulats), président de l'Afoco:
un gisement annuel de plus de dix millions de tonnes
C’est alors qu’Afoco prenait l’initiative d’organiser la première conférence européenne sur les laitiers à Marseille. Une manifestation qui eut un grand retentissement bien au-delà des frontières du Vieux Continent et qui fut à l'origine de la création d'Euroslag, organisme européen fédérant les différentes associations nationales. Euroslag, dont Afoco est donc un membre fondateur et influant, continue le cycle des conférences européennes biennales dont la dernière a eu lieu à Ijmuiden, aux Pays-Bas, à l’automne dernier.

10 millions de tonnes par an

Comme l'explique Eric Seitz (Phoenix Services France), vice-président de l'Afoco, les rôles et les relations entre sidérurgistes, opérateurs et utilisateurs des co-produits ont évolué au cours de ces deux décennies pour une plus grande efficacité de la filière. Une filière qui, tout de même, représente un gisement annuel de plus de dix millions de tonnes comme le précise le président de l'association Michel Gitzhofer (Eurogranulats).
Eric Seitz (Phoenix Services):
améliorer l'efficacité de la filière et inhiber les réticences
En France, Afoco poursuit ses actions d’information et de promotion des produits et matériaux alternatifs en mettant l’accent sur l’évolution des techniques et sur les réalisations marquantes dans ce domaine. Le défi est de sensibiliser les administrations et les entreprises dans l’ensemble des régions. C'est dans ce cadre que des journées techniques et d’information ont été organisées à  Douai (2008), Marseille (2011), Paris (2012) et Metz (2013).
Aujourd'hui, l'association compte 18 sociétés adhérentes dont les champs d’activité recouvrent les co-produits de la sidérurgie et de la métallurgie, les résidus miniers (du charbon et de la bauxite), les cendres de centrales thermiques et d’usines d’incinération, les déchets de la verrerie (réfractaires usés), etc. Poursuivant la tradition, elle organise le 5 juin prochain à l'École des Mines de Douai une journée sur le thème : "Construire une économie circulaire avec les matériaux alternatifs industriels" dont le programme détaillé est disponible à l'adresse suivante http://www.afoco.org/actualite.php?actualite=18
Si vous doutez que mouvements alternatifs et circulaires combinés peuvent faire du déchet un produit, un petit tour par Douai le 5 juin prochain pourrait vous convaincre !


Éric Massy-Delhotel

vendredi 9 mai 2014

Le jaune n'a pas à rougir: de la RH40 à la Cat 6015

En décembre 2013, la famille Traineau, qui exploite une carrière de granite à la Gombretière en Vendée, disait adieu à sa vieille RH40 O&K après environ 24 000 heures de bons et loyaux service. Sa jeune remplaçante a toutefois un air de famille puisqu'il s'agit de la Cat 6015 (version butte), une pelle de 105 tonnes issue tout droit des célèbres et vénérables ateliers germaniques de Dortmund repris un temps par Terex.

Avec sa livrée jaune, cette 6015 est la première mise en service en Europe (c) EMD

C'est la toute première pelle Cat 6015 sur le Vieux Continent. Un événement. Comme, en plus, c'est un carrier indépendant vendéen qui vient d'en faire l'acquisition… Ainsi que l'explique Pierre Traineau, sa famille est présente sur le site depuis 1947 et exploite un gisement de granite pour la production de granulats et d'enrochements. À cette activité créée par son père, se sont ajoutés une branche travaux publics et une autre de maçonnerie industrielle. On trouve aussi sur place une centrale d'enrobés  et une centrale à béton exploitée par Unibéton.
Aujourd'hui, la carrière qui, avec les installations de traitement, couvre une superficie d'environ 45 hectares, produit entre 500 000 et 600 000 tonnes de matériaux par an. Les enfants de Pierre Traineau sont également aux manettes avec notamment Christophe qui s'occupe plus particulièrement de la partie carrière. Une carrière qui en outre a obtenu une autorisation de poursuite d'exploitation et d'extension-approfondissement en 2006… pour une durée de 30 ans.

Perd pas la boule

Pierre Traineau : un matériau pas toujours
facile à exploiter (c) EMD
"Ce gisement n'est pas toujours facile à exploiter avec notamment un premier front très faillé et qui, malgré nos efforts au niveau de la qualité des tirs, produit des blocs" détaille Pierre Traineau. Pour éclater ces gros blocs, celui-ci utilise une méthode peu usitée en France mais très répandue Outre-Rhin qui consiste à lâcher sur ces derniers une grosse boule en acier de 9 tonnes depuis le godet de la pelle. C'est bien plus efficace qu'un brise-roche hydraulique sur ce type de granite estime-t-on ici. Et c'est aussi l'une des explications du recours à une pelle en butte… "C'est bien plus aisé pour bien viser et trier correctement" ajoute Mickaël Elineau, le conducteur de la pelle. Malgré tout, certains gros blocs échappent à la boule et permettent d'alimenter les clients en enrochement de la côte atlantique toute proche. Enfin, un gros concasseur déplaçable à mâchoires Ermac permet également de réaliser une première réduction.
Ce n'est donc pas la première expérience de la famille Traineau en matière de grosse pelle "minière" en version butte. Une première machine, une RH40 Orenstein & Koppel, avait été déjà achetée d'occasion avec 10 000 heures au compteur. Celle-ci, sœur ainée de la 6015, reconditionnée, était arrivée sans problème majeur au cap respectable des 24 000 heures. Pour Christophe Traineau, la solidité de ces pelles minières est une qualité primordiale et le châssis doit être irréprochable : "une pelle, c'est un châssis". Le nouvel engin arrivé sur le site ne doit pas déroger à la règle et d'ailleurs le châssis, la flèche et le bras de la 6015 bénéficient d'une garantie "structure" de 10 000 heures.

Petite mine

La nouvelle machine confirme donc la continuité de la stratégie de l'exploitant de faire appel à un matériel solide capable de franchir allègrement le cap des 10 000 heures et d'atteindre les 20 000 heures ! De toute évidence, ce n'est pas une grosse pelle de travaux publics mais une "petite" pelle minière qu'il faut pour atteindre ces objectifs.
Christophe Traineau : la solidité des pelles 
minières
 est incomparable (c) EMD
Cette 6015, la première mise en service en Europe, est une machine qui affiche 105 tonnes sur la bascule. Elle est animée par un moteur Cat C18 de 522 kW (700 ch.) et bénéficie d'un train HD renforcé (voie de 4,10 m avec patins de 600 mm). La cabine est renforcée et protégée (gare aux éclats quand on lâche la boule notamment !). De plus, le système TriPower, mis au point par O&K pour les pelles en butte, a bien sûr été repris par Caterpillar. Cette conception originale améliore notablement la force de levage, permet une poussée constante sur la flèche et maintient le godet à angle constant dans les sens horizontal et vertical. En outre, grâce à ce système, la pelle utilise des vérins de flèche de plus petit diamètre. Quant à la capacité du godet, elle est de 7 m3.

Pas de grosses différences avec la précédente machine ? Aux yeux de Christophe Traineau, il y en a une d'importance, c'est la réactivité et l'efficacité du dealer Bergerat-Monnoyeur en cas de pépin. Pour une machine de production, cela n'a pas de prix (ou plutôt si).

Éric Massy-Delhotel

NB - Un article plus complet sera publié dans un prochain numéro du magazine "Mines & Carrières" www.lasim.org